« Le voilà Capitaine des mousquetaires, c'est-à-dire chef d'une légion de Césars »

Le Capitaine Lieutenant était assis derrière son bureau où une montagne de lettre était disposée. Armand ouvrit d'abord la première qui venait de son frère là-bas en Gascogne.

A mon frère,
Nous n'avons plus de nouvelles de toi depuis des années. Et je dois avouer que je ne sais pas pourquoi je t'envoie cette lettre, car le sort de notre famille ne t'importe plus depuis longtemps.
Je voulais cependant te l'annoncer moi-même, notre père est mort dans la nuit. Je sais qu'une vieille querelle vous opposait vous et lui. Pourtant, tu devais être le seul à lui en tenir rigueur. Dans son testament, il fait de toi le nouveau Comte de Tréville. Tandis que moi qui ai toujours été présent pour lui et pour notre famille, je n'hérite que d'une modique somme d'argent. Je ne peux comprendre qu'il est continué à t'aimer alors que tu lui as brisé le cœur en partant servir le roi à Paris
Au plaisir,
Charles de Tréville

Le mousquetaire ne cessait de relire la lettre que lui avait écrite Charles. Armand pouvait comprendre la verve que mettait son frère dans ses propos. De plus, l’aîné des Tréville n'avait jamais espéré recevoir le titre de Comte après tout ce qu'il c'était passé entre lui et son paternel... Ainsi, son père, était mort dans la nuit. Depuis quand ne l'avait-il pas revu ? Depuis son départ de Gascogne, depuis leur dispute au sujet des affaires familiales. Armand de Tréville s'en souvenait d'ailleurs comme si c'était hier...

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- Je refuse tu entends ! Je refuse que tu ailles à Paris rejoindre ton Roi auquel tu sembles plus attaché qu'à ta propre famille!

Jean de Tréville était entré dans une rage folle. Son fils ainé dans lequel il avait fondé tant d'espoir souhaitait rejoindre Paris. Et devenir quoi . Un simple homme d'épée, lui qui avait toujours eu l'esprit bien aiguisé en toute chose, ne pouvait gâcher sa vie en devenant homme d'armes. Il devait être son héritier.
Armand se trouvait à côté de son père, d'un calme imperturbable en apparence. Pourtant en réalité il bouillonnait de colère. Il savait qu'accepter son choix pour son père allait être difficile, mais il ne s'attendait pas à une réaction de cette envergure.
C'était pourtant lui, qui quand il eut 10 ans engagea un maître d'armes pour lui apprendre à manier l'épée. Armand se montra fine lame dès ses débuts, et c'était bien la seule activité qu'il ne trouvait pas ennuyeuse contrairement au longue liste de comptes que lui présentait chaque jour son paternel.

Le jeune homme lança d'une voix insistante :
«Père, si je vous dis que je vais partir, je vais partir. Avec votre approbation ou non.»

Le père d'Armand jeta un objet à travers la pièce. Le jeune homme ne bougea pas d'un pouce, ses yeux bleu clair ne cessant pas de fixer son père.
Ce dernier pointa un index menaçant vers le visage de son fils, bien plus grand que lui.

-Si tu pars, je te déshérite. Plus jamais tu ne reviendras en cette Gascogne que tu aimes tant. Tu ne reverras jamais ses terres et tu ne reverras jamais ta famille.

S'il croyait que ce genre de menace allait le retenir, la sauvegarde du royaume et de Sa Majesté était bien plus important que tout le reste, famille, amis, et titre compris.
Armand tourna donc les talons à sa vie d'avant et se dirigea à grands pas vers son destin à Paris, malgré toutes les protestations que put faire son père.

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Le mousquetaire rangea la lettre dans un de ces tiroirs promettant tout de même d'y répondre. Il gardait toujours une profonde rancœur envers sa famille quoi qu'il en soit. Et cette lettre tout de même odieuse de son propre frère n'était pas pour améliorer cette relation depuis longtemps éteinte.
La seconde lettre qu'il ouvrait était à propos d'un de ses protégés, un Gascon répondant au nom de D'Artagnan. Ce dernier lui fait beaucoup penser à lui quand ils étaient encore jeunes. Certes le Capitaine Lieutenant n'est point encore un vieillard, mais sa prime jeunesse est loin derrière lui.
La lettre portait sur un duel qui avait eu lieu entre d'Artagnan et un autre homme. C'était à lui de régler ce genre d'affaire, ce qui était bien comique car Armand était un fervent duelliste, et il l'est d'ailleurs toujours bien que ces fameux duel ce fasse de plus en plus rare.

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Armand venait tout juste de rentrer en tant que cadet dans la garde française. Il faut dire que ses liens avec le Roi de France lui avaient été d'une grande aide pour cela, car ils jouaient tous deux étant enfants.

Armand avait beaucoup d'allure dans son nouvel uniforme, et il le savait. Cela faisait ressortir ses longs cheveux noirs et ses yeux bleus. Quelques filles gloussaient quand il passait dans la rue, et ce n'était pas pour lui déplaire. Même si son coeur appartenait depuis longtemps à une autres... Soudain, une voix se fit entendre dans son dos l'arrachant à ses pensées.

- Vous ne trouvez pas qu'il y a comme une odeur de Gascon par ici .

C'était un autre membre de la garde française qui avait parlé. Un officier, qu'il trouvait bien jeune pour ce genre de poste. Sûrement un fils d'une vieille et respectable famille noble de la ville. Sa voix puait l'arrogance... Et Armand détestait l'arrogance, surtout quand on se moquait ouvertement de lui.
Le jeune homme posa la main sur la garde de son épée et rétorqua, une lueur de défi dans les yeux: peut-être que c'est de votre haleine que proviens cette odeur .

-Vous me direz monseigneur, quand on a une trogne telle que la votre, l'odeur ne peut venir que de là...

L'autre ravala tout aussi rapidement sa superbe, et lui jeta son gant à la figure:

- Tu vas tâter de mon épée jeune impudent !


L'officier se jeta soudainement sur lui. Armand se tenait déjà prêt, connaissant la réaction de ce genre de personnage.
Le Gascon paras les quelques misérables coups d'épée que tentait de lui administrer son adversaire. C'en était presque comique. Armand passa à l'offensive, cherchant plus à désarmer son adversaire qu'à le tuer, cela serait idiot de sa part.
Le jeune homme fit un croche-pied à l'officier qui se trouvait à terre, l'épée toujours en main. . Armand lui administra un fort coup avec son épée qui envoya l'arme de son adversaire quelques mètres plus loin. Le Gascon pointa sa lame sur le cou de son ennemi à terre.

- Si jamais je vous entends, Monseigneur, dire un autre mot à propos des Gascon ou de moi. Je me ferais une joie de vous tuer de mes propres mains.

Il rengaina son épée et rentra d'un pas long et assuré vers sa caserne. C'était peut-être son premier duel à Paris, mais ce ne serait pas le dernier.
Armand se fit remarquer pour son habileté à manier l'épée par des mousquetaires et rejoignit la compagnie quelques semaines plus tard pour ne plus jamais la quitter.

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Il reposa la lettre sur le côté. Après tout, les duels formaient la jeunesse, est c'était un bien meilleur exercice que de s'entrainer avec un maître d'armes. Les conditions étaient réelles, et pour d'Artagnan qui souhaitait devenir mousquetaire, c'était des opportunités à saisir.
L'ancien Capitaine-Lieutenant des mousquetaires lui avait toujours dit "battez-vous à tout propos", et Amand braud appliqué cette règle à la lettre.

La lettre suivante, il n'osait pas vraiment l'ouvrir. C'était Elisabeth de Leicester qui l'intimait de venir ce soir même l'accompagner à une soirée donné au Louvre. Armand eu un léger soupir, la nuit s'annonçait être palpitante. Rester planté comme un piquet à côté de tout ses nobliaux qui s'amusait l'ennuyait au plus au point...
Elisabeth et sa bonne aurait sûrement été violées et tuées si l'intervention de cette dernière ne les avait pas fait s'enfuit. Et malheureusement, Armand n'arrivait pas à remettre la main sur ses malfaiteurs. Il devait donc se rendre ce soir à la demeure de la noble Anglaise et s'assurer de sa protection toute la soirée...

La dernière lettre venait encore de Gascogne. Une lettre qui était attendue par r Armand chaque jour de la semaine depuis plus de vingt ans...

Mon tendre ami;
Je réponds à votre lettre dans la plus grande discrétion. Mon mari ayant découvert notre dernier échange, je crois qu'il serait capable de vous faire assassiner, et je ne veux point risquer votre vie.
C'est pourquoi c'est la dernière lettre que je vous envoie. Jouez de cette manière n'est plus de mon âge, et je sais que quoi qu'il en soit, vous ne serez jamais à moi devant Dieu, et à plus de quarante ans, même si mon époux venait à mourir, je ne verrais point l'utilité de nous marier.
Enfin, je voulais t'avouer dans cette dernière lettre, quelque chose que je cache depuis près de vingt ans. Mon premier-né Anatole, est ton fils.
Il fallait que je te le dises...
Adieu;
Anne comtesse d'armagnac

Cette dernière nouvelle le laissait pantois. Un fils, il avait engendré un fils et on ne lui avait appris que maintenant alors que ce dernier devait avoir environ 18-19 ans !
C'était impossible. La colère était en train de faire son apparition. Lui cacher une nouvelle aussi importante pendant des années était presque un crime. Il avait renoncé à prendre femme pour l'Amour qu'il portait à Anne. Et voilà qu'elle l'abandonnait tout en lui avouant qu'ils avaient eu un fils ensemble !

Il fallait que le comte sorte ce calmer. S'entrainer avec ceux qui eux ne pourrait jamais le trahir... Ses hommes.
Armand pourrait donner sa vie pour chacun d'eux, et ils le savaient. C'était un respect mutuel qu'il s'accordait, accompagné d'une confiance aveugle. Le Capitaine-Lieutenant savait garder les secrets les plus graves de ses hommes, tel celui d'Athos, une de ces meilleures recrues qu'il n'avait pas hésité une seule seconde à engager...

Il garda la dernière lettre bien contre son coeur, pour ne jamais oublier ce que signifiait le mot "trahison".